L’Association Dushirehamwe a clôturé avec réussite son projet « Bakenyezi Dukenyerere Amahoro » (BDA), mené en partenariat avec Christian Aid et un consortium d’organisations, dont Réseau Femmes et Paix (RFP), Youth Empowerment and Leadership Initiative (YELI) et la Concertation des Collectifs des Associations Féminines de la Région des Grands Lacs (COCAFEM/GL). Ce projet, qui s’est déroulé de janvier 2023 à mai 2025 et a été financé par le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies (UNPBF) via Christian Aid, a eu un impact significatif sur des milliers de femmes et de communautés dans les sept communes de la province de Ruyigi.
Un engagement renforcé des femmes dans la prise de décision et la consolidation de la paix
L’objectif principal du projet BDA était de soutenir l’engagement significatif des femmes, en particulier les rapatriées et les personnes déplacées internes (IDPs), dans les sphères décisionnelles et politiques dans les provinces de Rutana et Ruyigi. À Ruyigi, les efforts ont porté sur plusieurs axes clés :
- Renforcement des capacités institutionnelles de 7 réseaux d’associations féminines locales, composées de rapatriées, de déplacées internes et de femmes hôtes, pour une gestion et un fonctionnement efficace de leurs organisations.
- Accroissement de la participation des femmes, des jeunes, des femmes rapatriées et déplacées internes aux espaces politiques locaux, nationaux et régionaux, dans le but de renforcer l’égalité institutionnelle entre les femmes et les hommes.
- Transformation des normes sociales de genre néfastes au sein des ménages pour l’adoption de nouvelles approches favorisant l’égalité des genres.
Un impact mesurable et des vies transformées
Le projet BDA a directement touché 5 427 personnes à Ruyigi, incluant 2 811 femmes adultes, 1 537 jeunes femmes, ainsi que des hommes adultes et jeunes, des rapatriés, des déplacés, des personnes albinos, des Batwa et des personnes vivant avec un handicap. De plus, 6 717 couples en difficulté ont été accompagnés par des « couples modèles ». Les activités médiatiques ont touché environ 36 000 personnes, et les activités organisées par les 7 réseaux de femmes ont bénéficié à 9 946 personnes.
Plus de 1 026 bénéficiaires ont été formées sur des sujets variés, allant de l’élaboration de plans stratégiques et de microprojets aux techniques de plaidoyer et de lobbying, en passant par le leadership politique, la négociation, la gestion financière et la mobilisation de fonds. Ces formations ont renforcé leurs compétences et leur autonomie.
Des résultats concrets salués par les bénéficiaires
Les témoignages des bénéficiaires soulignent une amélioration notable de leurs conditions de vie et de leur participation sociale. Parmi les réalisations clés :
- Les réseaux de femmes ont acquis une notoriété croissante au sein de leurs communautés et sont devenus des acteurs clés dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), offrant sensibilisation et assistance aux victimes.
- Ces réseaux sont également très actifs dans la promotion des droits humains et la consolidation de la paix.
- Grâce aux sensibilisations sur le droit des femmes à élire et à être élues, de plus en plus de femmes témoignent que leurs maris ne les empêchent plus de participer aux réunions, un signe tangible de la transformation des dynamiques de genre au sein des ménages.
- La mise en place d’unités de transformation de la farine dans certaines communes a réduit les distances parcourues par les femmes, entraînant une diminution des conflits au sein des ménages.
- Les « couples modèles » ont renforcé la consolidation de la paix et la cohésion sociale s’est améliorée grâce à des espaces de socialisation et d’échange d’informations.
- Certaines pratiques culturelles néfastes à l’épanouissement des femmes commencent à être transformées dans la zone du projet.
Un témoignage inspirant
Niyonizigiye Sylvie, une bénéficiaire Twa de la commune de Butezi, a partagé un témoignage émouvant sur l’impact du projet : « Je remercie beaucoup l’Association Dushirahamwe de nous avoir invitées en tant que femmes de l’ethnie Twa. Très peu d’organisations pensent à inviter les Batwa. Je ressens une grande fierté d’être ciblée et d’être parmi les autres femmes. Avant, les Batwa s’excluaient, mais aujourd’hui, ils s’associent aux autres. »
Elle a également souligné un changement personnel profond : « Mon mari ne voulait pas faire les activités ménagères. Après la participation à la formation, il a beaucoup changé. Actuellement, il contribue aux activités ménagères ; il puise de l’eau, il cherche du bois et peut prendre un balai pour faire la propreté. Je me réjouis du comportement de mon mari pour le moment et c’est grâce à Dushirahamwe et au projet BDA. »
La clôture du projet « Bakenyezi Dukenyerere Amahoro » marque une étape importante dans la promotion de l’égalité des genres et la consolidation de la paix à Ruyigi, laissant derrière elle un héritage de femmes autonomisées et de communautés renforcées.
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